Qui est le Baye fall ?
Pendant votre séjour au Sénégal, vous entendrez sûrement parler du Bayefall ou vous en rencontrerez peut etre même, dans les rues, vêtu de haillons multicolores, le plus souvent coiffé de rasta, avec une callebasse en bois
qu’il vous présentera devant votre nez pour vous demander quelques pieces de monnaie, tout en récitant à tue tête des prieres. Et vous pouvez en rencontrez quelques uns, avec des gourdins comme ce baye fall là (voir vidéo). Pour bien comprendre qui est le baye fall, voici un extrait relevé du site Taak Der qui l’explique bien mieux que moi :
» Le Baye Fall, selon l’image que s’est forgée la pensée populaire de ceux qui vivent de loin les réalités de sa vie, est trés souvent perçu à travers des déformations multiples..
Loin d’être ce personnage grossier habillé de haillons multicolores, la chevelure débroussaillée et la démarche agressive, il est avant tout un croyant zélé pour qui la religion s’ arrête aux recommandations du marabout qu’il vénère plus que toute autre chose.
Le véritable Baye Fall s’oppose au vagabondage et mène une vie austère qui le détache de tous les interdits. Au delà de tous les clichés le faisant apparaître comme un délinquant en mal de refuge social, le disciple de Mame Cheikh Ibra Fall se veut le prolongement de celui qui fut l’ exemple du bon disciple et symbolise le mouridisme sous ses facettes économique, sociale et culturel.
Son credo: le Baye fall applique à la lettre le principe du « Jebbelou »; c’est à dire de soumission, qui le lie à son marabout. En trouvant le fondateur du mouridisme (Cheikh Ahmadou Bamba) à la suite de moult tribulations, Cheikh Ibra a parfaitement symbolisé ce credo.
Le comportement de ce disciple hors pair sera marqué au fil des années par l’ abnégation totale face aux biens de ce monde et le respect scrupuleux des recommandations du marabout.
Le travail, parce qu’il permet le dépassement de soi dans l’effort, est le premier credo du Baye Fall.
Aujourd’ hui comme hier, les vrais Baye Fall continuent à défricher chaque année des centaines d’ hectares, en abbattant en une journée des superficies importantes. Cette ardeur au travail est ensuite investie dans le champ du marabout ou le lopin de terre communautaire. La production agricole du Sénègal a du reste connu des performances légendaires grâce à ces soldats de la foi au zèle inégalé.
Le petit commerce, l’artisanat, l’ art et la musique constituent aussi d’autres domaines d’ activités des Baye Fall au port singulier, et surtout alertes en affaires.
Sur le plan culturel, l’originalité des Baye Fall dépasse les frontières du Sénégal et fait même école ailleurs. Sa chevelure hirsute aurait inspiré les rastas… Le petit gourdin qui l’ accompagne est utilisé depuis l’ époque où le port d’armes blanches était proscrit.
Quant à la ceinture, elle permet de caler l’ estomac pour mieux résister à une longue journée de labeur ou une interminable nuit de litanies à la louange de Dieu.
Parmi les autres objets qui donnent à ce sympathique chevalier de la foi son aspect authentique, le bonnet et le talisman sont bien les plus remarqués. L’ un est souvent noir avec une pouffe à son pendant; et l’ autre par le travail artistique et raffiné des cordonniers, se ballote au bas ventre symbolisant toute la fierté du disciple.
En outre, ces hommes sont tous farouchement retranchés dans le cadre culturel découpé par le mouridisme. La langue « wolof » qu’ il parle, ne souffre en général d’aucune intrusion de langues étrangères. D’ ailleurs le Baye Fall cultive une nette démarcation vis à vis des cultures occidentale et arabe.
Durant les les moments de grande ferveur religieuse, il arrive qu’ un disciple à la sensibilité élevée tombe en transes…Et lorsque c’est le choc véritable des ondes spirituelles, quelle que soit l’ intensité de ses efforts, le Baye Fall cognant durement contre un arbre ou un mur, en sort sans la moindre éraflure. Ce phénomène échappe aux explications rationnelles…
Foncièrement communautaire, la confrérie des Baye Fall entretient jalousement une réputation de solidarité, qui fait de chaque membre le maillon d’une chaîne ininterrompue. La contribution de tous est une règle d’ or, pour réaliser une oeuvre ou faire face à un évènement social. Ainsi, en plus de l’ investissement humain qui mobilise le maximum des effectifs humains, les « kureel » (petits groupes), sillonnent les villages et les villes pour collecter les souscriptions; c’ est ce qu ‘ils appellent le » majjaal ». Les sommes recueillies ne sont amputées d’ aucune charge et viennent en complément aux efforts dejà consentis par le groupe. Elles seront vérsées ou à la trésorerie ou directement au marabout qui gère la réalisation de l’ oeuvre.
C’ est en dernier ressort, autour de ce chef religieux que gravite toute la vie de la communauté. Formé à travers diverses écoles traditionnelles ( daara), le marabout Baye Fall est souvent un fin lettré doublé d’ un homme d’ action, peu enclin aux génuflexions quotidiennes qui rythment la prière. Le chapelet toujours à la main, il s’adonne cependant à longueur de journée à des oraisons dont il détient seul les secrets… »
Pour en savoir plus, visitez le site Taak Der sur le mouridisme et la culture bayefall.
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