Les mariages précoces vident les classes
L’école de Widou Thiengoly a enregistré,pour la première fois, de bons résultats, cette année, au certificat de fin d’études élémentaires (Cfee). Des 18 candidats, 14 ont obtenu leur sésame soit un taux de 88 % de réussite. « Je suis satisfait de ce résultat, car j’ai enseigné les élèves en collaboration avec l’équipe pédagogique. On a essayé de faire mieux que les années précédentes. », déclare Mamadou Salif Diallo, directeur-adjoint et responsable, cette année, de la classe de Cm 2. « De 1981 à nos jours, on ne comprenait pas pourquoi nous avions de faibles résultats ? », s’interroge-t-il avant d’avancer quelques explications. De l’avis du directeur-adjoint, le village est un peu «réfractaire » au développement parce que la population ignore les objectifs de l’éducation c’est-à-dire « la formation et le développement.
Le faible taux de fréquentation des élèves à Widou peut être expliqué par le fait que certains élèves viennent de villages eloignés. Selon M. Diallo, « c’est le manque d’information et s’ils étaient bien informés des avantages de l’éducation, ils allaient envoyer leurs enfants à l’école », estime-t-il. L’établissement de Widou se distinguait dans le passé par ses mauvais résultats aux examens Cette année, dans les autres classes, tous les élèves passent en classe supérieure pour six classes. « C’est difficile de gérer deux classes ».
C’est un lourd fardeau. « Il faut que le gouvernement essaye de mettre les moyens pour faire disparaître cette pratique en recrutant des enseignants en nombre suffisant »,conseille-t-il.
Dans certains villages, le problème lié au manque d’eau pousse les élèves à abandonner l’école. Ganinayel, situé à 14 km de Widou en allant vers Amaly, en est un exemple. Les difficultés d’approvisionnement d’eau ont été la cause de la fermeture de ces deux écoles publiques. Ce que confirme le chef de village, Gadjiel Ba. Mais il garde espoir de leur réouverture prochaine. Car, il est prévu la construction d’un forage dans le village. C’est pour cette raison qu’il s’est investit à inscrire les candidats pour la rentrée prochaine.« Le problème lié au manque d’eau n’existe pas à Widou depuis que je suis là. Je n’ai pas constaté un cas d’abandon de l’école à cause de la rareté de cette précieuse denrée », soutient le directeur-adjoint de l’école de Widou. Pour ce dernier, cela est dû aux conditions de création de ces écoles. « Ce sont des écoles fictives bien qu’elles soient reconnues par l’Etat», déclare-til Car, dit-il, « toutes les conditions qui doivent permettre à une école de fonctionner normalement ne sont pas réunies mais aussi et surtout, elles ont été construites pour satisfaire une clientèle politique ».
Mettre l’accent sur la réussite. Le mariage précoce existe jusqu’à présent dans la zone. C’est l’un des facteurs qui bloquent un peu le système éducatif de Widou Thiengoly et de ses environs. Le président des parents d’élèves, Dame Ndiaye, est catégorique Selon lui, ce sont les mariages précoces qui sont à l’origine des abandons massifs des filles de l’école. « A l’âge de 12 ans, on les donne en mariage », remarque t-il. «Les mariages précoces sont ici, monnaie courante. Ils font partie des facteurs qui empêchent les filles d’aller à l’école ou de continuer leurs études, car on nous dit que cette fille a l’âge de se marier, il faut la donner en mariage », se désole le président des parents d’élèves. «Pour la plupart des parents, plus la jeune fille dure à l’école, plus elle pourrait être tentée par des pratiques non conformes aux valeurs »,note M. Ndiaye
Pour Mamadou Salif Diallo, directeur-adjoint de l’école, cette tendance commence à disparaître grâce aux résultats enregistrés ces dernières années. « Il faut mettre l’accent sur la réussite des élèves. Et avec cette donne, je pense que ce problème va disparaître. Seul le dévouement des enseignements permettra de faire disparaître ce fléau », précise-t-il. C’est pourquoi, les enseignants de la zone ont initié des activités de sensibilisation allant dans ce sens.
Les cas de grossesses non désirées (l’autre facteur d’abandon des filles) n’ont pas été constatés dans le village, d’après M. Diallo. « Les enseignants ont montré une maturité et une conscience qui leur permettent de faire leur travail », souligne-t-il. Les mariages précoces vident les classes
Source : Lesoleil
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